Philodème (de Gadara),
Sur les dieux (Peri theôn), livre I, Col. XV, lignes 21-34, in Hermann Diels (éd.),
Philodemos Über die Götter : Erstes und Drittes Buch, Berlin, 1916, p.26-27.
Traduit par Marie-Odile Goulet-Cazé dans « Les premiers cyniques et la religion »,
in M.-O. Goulet-Cazé et R. Goulet (dir.), Le cynisme ancien et ses prolongements,
PUF, 1993, note 91, p. 136.
Le raisonnement qui suit supprime la lourde difficulté supplémentaire qui vient de s'ajouter[1], dans la mesure où il montre à l’évidence que les animaux vivent avec les mêmes effrois que nous et où il enseigne en outre que, d’une certaine façon, les animaux en connaissent même de plus grands ; mais en même temps ce raisonnement enlève aux animaux la félicité, puisque ceux-ci n'ont aucun remède pour guérir leur inquiétude, tant qu’il garde leur nature animale ; pour les hommes au contraire, la raison est capable de rejeter à l’infini l’angoisse et les craintes face à l’avenir ; de même elle peut, en faisant réfléchir aux passions et au petit nombre de remèdes qui existent pour les soigner, amener à mépriser les passions et à considérer ces remèdes comme faciles à obtenir ; il faut en outre réfléchir d’un coté à ce qui est bien, et qui est la cause la plus commune du bonheur, de l’autre à ce qui est mal, et qui est au contraire la cause la plus commune du malheur...
[1] à savoir l'idée qu’on retrouve dans les dits et écrits de l’école Cynique, que les animaux sont plus heureux que nous à cause de leurs dures conditions de vie et du fait qu'ils ne connaissent pas les dieux.