Tom Regan

 

 

 

Tom Regan,

La philosophie des droits des animaux,

traduction David Olivier, Françoise Blanchon Editeur, 1991.

 

Paru initialement sous le titre The Philosophy of Animal Rights, Raleigh, Culture & Animals Foundation, 1990 (date probable).

 

 

LA PHILOSOPHIE DES DROITS DES ANIMAUX

 

Les animaux non humains, que les humains mangent, utilisent pour la science, chassent, piègent, et exploitent de différentes manières, ont une vie à eux, qui a pour eux une importance indépendante de l'utilité qu'ils ont pour nous. Ils ne sont pas seulement dans le monde, ils sont conscients du monde. Ce qui leur arrive leur importe. Chacun d'entre eux a une vie qui se déroule bien ou qui se déroule mal, pour celui dont elle est la vie.

Cette vie comporte une multiplicité de besoins biologiques, individuels, et sociaux. La satisfaction de ces besoins est une source de plaisir, et leur frustration ou leur détournement est une source de douleur. Dans ces aspects fondamentaux, les animaux non humains qui peuplent les laboratoires et les fermes, par exemple, sont mêmes que les êtres humains. Et ainsi, l'éthique qui doit gouverner notre commerce avec eux, et l'éthique qui doit gouverner le commerce que nous avons les uns avec les autres, doivent répondre aux mêmes principes moraux fondamentaux.

A son niveau le plus profond, l'éthique humaine est basée sur la valeur indépendante de l'individu : la valeur morale d'un être humain donné ne doit pas se mesurer d'après l'utilité qu'il a pour l'avancement des intérêts d'autres êtres humains. Traiter des êtres humains de manières qui n'honorent pas la valeur indépendante qui est leur, est violer ce droit le plus fondamental parmi les droits humains : celui d'être traité avec respect.

La philosophie des droits des animaux exige seulement le respect de la logique. Car tout argument plausible qui explique la valeur indépendante des êtres humains implique que d'autres animaux ont aussi cette valeur, et qu'ils l'ont de façon égale. Et tout argument plausible qui explique le droit pour les humains d'être traités avec respect implique aussi que ces autres animaux ont ce même droit, et qu'ils l'ont de façon égale.

Il est vrai, par conséquent, que les femmes n'existent pas pour servir les hommes, ni les Noirs pour servir les Blancs, ni les faibles pour servir les forts. La philosophie des droits des animaux non seulement accepte ces vérités, plus, elle les met en avant et les justifie. Mais elle va plus loin. En insistant sur la valeur indépendante et sur les droits des autres animaux, elle donne des raisons scientifiquement éclairées et moralement impartiales pour réfuter la position selon laquelle ces animaux existent pour nous servir.

Une fois cette vérité admise, il est facile de comprendre pourquoi la philosophie des droits des animaux est intransigeante dans sa réponse à chaque injustice que subissent les autres animaux. Dans le cas des animaux utilisés pour la science, la justice n'exige pas que les cages soient plus larges ou plus propres, elle exige qu'elles soient vides. La justice n'exige pas le retour à l'élevage «traditionnel», mais la fin de tout commerce de la chair des animaux morts. Elle n'exige pas l'«humanisation» de la chasse et du piégeage, elle exige l'éradication totale de ces pratiques barbares.

Car, quand une injustice est absolue, on doit s'y opposer absolument. Ce n'était pas la «réforme» de l'esclavage qu'exigeait la justice, ni la «réforme» du travail des enfants, ni la «réforme» de l'oppression des femmes. Dans chacun de ces cas, la seule réponse morale était l'abolition. Se contenter de réformer l'injustice absolue, c'est la prolonger.

La philosophie des droits des animaux exige cette même réponse   l'abolition   à l'exploitation injuste des autres animaux. Ce ne sont pas les détails de l'exploitation injuste qui doivent être changés. C'est à l'exploitation injuste elle même qu'il doit être mis fin, que ce soit dans les fermes, dans les laboratoires, ou dans la nature, par exemple. La philosophie des droits des animaux n'exige rien de plus, mais elle ne se satisfera pas non plus de moins.

 

10 RAISONS POUR LES DROITS DES ANIMAUX
ET LEUR EXPLICATION

1. La philosophie des droits des animaux est rationnelle.

Explication: Il n'est pas rationnel de discriminer arbitrairement. Or la discrimination qui frappe les animaux non humains est arbitraire. Il n'est pas juste de traiter les humains qui sont faibles, en particulier ceux qui ne possèdent pas l'intelligence humaine normale, comme «outils», comme «ressources renouvelables», comme «modèles» ou comme «marchandises». Il ne peut pas par conséquent être juste de traiter d'autres animaux comme s'ils étaient des «outils», des «modèles», et ainsi de suite, si leur psychologie est aussi riche (ou plus riche) que celle de ces humains. Penser le contraire est irrationnel.

 

« Décrire un animal comme un système physico chimique extrêmement complexe est sans aucun doute correct, à ceci près qu'on passe alors à côté de « l’animalité » de l’animal»
E. F Schumacher

 

2. La philosophie des droits des animaux est scientifique.

Explication: La philosophie des droits des animaux est en accord avec ce qu'il y a de mieux dans notre science de façon générale, et de façon particulière avec la théorie biologique de l'évolution. Celle ci nous apprend que, selon les mots de Darwin, les différences entre les humains et beaucoup d'autres animaux sont «de quantité, et non de genre». En laissant de côté la question d'où mettre les limites, il est évident que les animaux qui sont utilisés dans les laboratoires, élevés pour la nourriture, ou chassés pour le plaisir ou piégés pour le profit, par exemple, sont psychologiquement nos cousins. Cela n'est pas du délire, ce sont des faits, qui résultent de ce qu'il y a de mieux dans notre science.

 

«Il n'y a aucune différence de fond entre les humains et les mammifères supérieurs pour ce qui est de leurs facultés mentales »
Charles Darwin

 

3. La philosophie des droits des animaux est non discriminatoire.

Explication: Les racistes sont des personnes qui estiment que les membres de leur race sont supérieurs aux membres des autres races simplement du fait de leur appartenance à cette race, dite «supérieure». Les sexistes pensent que les membres de leur sexe sont supérieurs aux membres de l'autre sexe simplement du fait de leur appartenance à ce sexe, dit «supérieur». Le racisme et le sexisme sont tous deux des modèles de sectarisme insoutenable. Il n'existe pas de race ou de sexe «supérieur» ou «inférieur». Les différences raciales et sexuelles sont biologiques, et non morales.

Il en est de même du spécisme   qui affirme que les membres de l'espèce Homo sapiens sont supérieurs à ceux de toute autre espèce, simplement du fait qu'ils appartiennent à l'espèce, dite «supérieure», de celui qui tient cette opinion. Car il n'existe pas d'espèce «supérieure». Penser le contraire est faire preuve de discrimination arbitraire exactement autant que les racistes et les sexistes.

 

«Si vous pouvez justifier de tuer pour manger de la viande, vous pouvez justifier les conditions du ghetto ; je ne peux justifier ni l'un ni l’autre.»
Dick Gregory

 

4. La philosophie des droits des animaux est juste.

Explication: La justice est le principe suprême de l'éthique. Nous ne devons pas commettre ou permettre une injustice pour qu'il en résulte un bien, ni violer les droits de quelques uns pour le bénéfice du grand nombre. L'esclavage permettait cela. Le travail infantile permettait cela. La plupart des injustices sociales permettent cela. Mais la philosophie des droits des animaux ne permet pas cela, car son principe premier est celui de justice: personne n'a le droit de jouir de la violation des droits d'autrui, que cet autrui soit un être humain ou un autre animal.

 

« Les raisons qui justifient l’intervention légale en faveur de ces enfants s'appliquent tout autant au cas de ces esclaves infortunés que sont les [autres] animaux ».
John Stuart Mill

 

5. La philosophie des droits des animaux est une philosophie de compassion.

Explication: Une vie humaine pleine exige des sentiments d'empathie et de sympathie   en un mot, de compassion   envers les victimes de l'injustice, que ces victimes soient des humains ou d'autres animaux. La philosophie des droits des animaux requiert la vertu de compassion, et son acceptation développe cette vertu. Cette philosophie représente, selon l'expression de Lincoln, «la voie de l'être humain entier».

 

« La compassion traduite en actes est peut être cette possibilité rayonnante capable de protéger notre planète surpeuplée et polluée.. . »
Victoria Moran

 

6. La philosophie des droits des animaux est non égoïste.

Explication: La philosophie des droits des animaux exige une volonté de servir ceux qui sont faibles et vulnérables   ceux, êtres humains ou autres animaux, à qui manque la capacité de parler en leur propre nom ou de se défendre, qui ont besoin d'être protégés contre la cupidité et la brutalité humaines. Cette philosophie exige cette volonté, non parce qu'il serait dans notre propre intérêt de l'avoir, mais parce qu'il est juste de l'avoir. Cette philosophie, par conséquent, exige le service désintéressé, et son acceptation développe cette pratique.

 

« Il nous faut une philosophie morale qui place le concept d'amour, si rarement mentionné aujourd'hui par les philosophes, à nouveau au centre. »
Iris Murdoch

 

7. La philosophie des droits des animaux encourage l'épanouissement individuel.

Explication: Toutes les grandes traditions morales, tant laïques que religieuses, mettent l'accent sur quatre choses : la connaissance, la justice, la compassion et l'autonomie. Il en est de même de la philosophie des droits des animaux. Celle ci enseigne que nos choix doivent se fonder sur la connaissance, doivent exprimer la compassion et la justice, et doivent être libres. II n'est pas facile d'atteindre ces vertus, ou de contrôler les penchants humains pour la cupidité ou l'indifférence. Mais sans ces vertus, une vie humaine ne peut être complète. La philosophie des droits des animaux requiert l'épanouissement individuel, et son acceptation développe cet épanouissement.

 

« La bonté n’est pas un précepte extérieur figé, mais une impulsion vivante venant de l’intérieur; elle ne représente pas le sacrifice de soi, mais la réalisation de soi.»
Henry Salt

 

8. La philosophie des droits des animaux est socialement progressiste.

Explication: Le plus grand obstacle à l'épanouissement de la société humaine est l'exploitation d'autres animaux aux mains des humains. Ceci est vrai des régimes alimentaires malsains, de la dépendance habituelle envers le «modèle animal entier» en médecine, et des nombreuses autres formes que prend l'exploitation animale. Et cela est encore tout aussi vrai de l'éducation et de la publicité, par exemple, qui contribuent à insensibiliser l'esprit humain aux exigences de la raison, de l'objectivité, de la compassion et de la justice. Par toutes ces manières (et par d'autres encore), les nations restent profondément arriérées, parce qu'elles manquent de servir les vrais intérêts de leurs citoyens.

 

« La grandeur et le progrès moral d'une nation peuvent se mesurer par la manière dont elle traite ses animaux. »
Mahatma Gandhi

 

9. La philosophie des droits des animaux est écologiquement sensée.

Explication: La plupart des causes de dégradation de l'environnement, dont l'effet de serre, la pollution de l'eau, ou la perte de terres cultivables et l'érosion de la couche fertile, sont en dernier ressort dues à l'exploitation des animaux. Et cela se retrouve à travers la large gamme des problèmes écologiques, depuis les pluies acides jusqu'à l'utilisation des océans comme poubelles à déchets toxiques, la pollution de l'air ou la destruction de l'habitat naturel. Dans tous ces cas, agir pour protéger les animaux affectés (et qui sont, après tout, les premiers à souffrir et à mourir en raison de ces atteintes à l'environnement), c'est agir pour protéger la terre.

 

« Tant que nous n'aurons pas établi un sentiment de parenté entre notre espèce et ces autres mortes avec qui nous partageons le soleil et l’ombre de la vie sur cette planète maltraitée, il n'y aura d'espoir ni pour les autres espèces ni pour l’environnement, ni pour nous-mêmes. »
Jon Wynne-Tyson

 

10. La philosophie des droits des animaux est pacifique.

Explication: L'exigence fondamentale de la philosophie des droits des animaux est de traiter les humains et les autres animaux avec respect. Cela implique que nous ne fassions pas de tort à qui que ce soit dans le but d'en bénéficier ou d'en faire bénéficier autrui. Cette philosophie, par conséquent, est totalement opposée à l'agression militaire. Elle est une philosophie la paix. Mais elle étend l'exigence de paix au delà des frontières de notre espèce. Car une guerre est menée, chaque jour, contre d'innombrables millions d'animaux non humains. Se prononcer pour la paix implique de se prononcer fermement contre le spécisme. Croire qu'il puisse y avoir la «paix sur la terre» sans la paix avec les autres animaux, c'est prendre ses désirs pour des réalités.

 

« Si, par miracle, dans toute notre lutte, à la terre est épargnée l’holocauste nucléaire, seule la justice rendue à chaque chose vivante pourra sauver l’humanité. »
Alice Walker

 

10 RAISONS CONTRE LES DROITS DES ANIMAUX
ET LEURS REPONSES

1. Vous dites que les animaux et les humains sont égaux, alors qu'en fait, ils sont très différents.

Réponse: Nous ne disons pas que les humains et les autres animaux sont égaux par toutes leurs caractéristiques. Par exemple, nous ne disons pas que les chiens et les chats peuvent faire de l'algèbre, ou que les cochons et les vaches apprécient la poésie. Ce que nous disons c'est que beaucoup d'animaux non humains sont, tout comme les humains, des êtres psychologiques, ayant une expérience propre de bien être. En ce sens, eux et nous sommes semblables. En ce sens, par conséquent, malgré toutes les différences qui existent, eux et nous sommes égaux.

 

« Tous les arguments en faveur de la supériorité humaine ne peuvent briser ce fait incontournable : en souffrance, les animaux sont nos égaux. »
Peter Singer

 

2. Vous dites que tous les humains et tous les autres animaux ont les mêmes droits, ce qui est absurde. Les poules ne peuvent avoir le droit de vote, ni les cochons celui d'aller à l'université.

Réponse: Nous ne disons pas que les humains et les autres animaux ont toujours les mêmes droits. Tous les humains, déjà, n'ont pas les mêmes droits. Par exemple, ceux qui sont affectés d'un retard mental important n'ont pas le droit d'aller à l'université. Ce que nous disons est que ces humains, comme les autres humains, ont en commun avec d'autres animaux un droit moral fondamental : celui d'être traité avec respect.

 

« Le destin de toute vérité est d'être tournée en ridicule lorsqu’elle est proclamée pour la première fois. »
Albert Schweitzer

 

3. Si les animaux ont des droits, alors les végétaux en ont aussi, ce qui est absurde.

Réponse: De nombreux animaux sont comme nous ils ont un bien être psychologique à eux. Comme nous, par conséquent, ces animaux ont le droit d'être traités avec respect. Par contre, nous n'avons aucune raison, et encore moins de raison scientifique, de croire que les carottes et les tomates, par exemple, apportent au monde une présence psychologique. Comme toutes les autres plantes, les carottes et les tomates ne possèdent rien qui ressemble à un cerveau ou à un système nerveux central. Parce qu'ils sont déficients sous ce rapport, il n'y a aucune raison de voir les plantes comme des êtres psychologiques, ayant la capacité de ressentir le plaisir et la douleur, par exemple. C'est pour ces raisons que l'on peut rationnellement affirmer les droits des animaux et les nier dans le cas des plantes.

 

« La thèse des droits des animaux se fonde sur la seule hypothèse de la sensibilité. »
Andrew Linzey

 

4. Où faut il placer la limite ? Si les primates et les rongeurs ont des droits, alors les limaces et les amibes en ont aussi, ce qui est absurde.

Réponse: Il n'est souvent pas facile de savoir où «tracer la limite». Par exemple, nous ne pouvons dire exactement quel âge doit avoir une personne pour qu’elle soit vieille, ni quelle taille elle doit avoir pour être grande. Néanmoins, nous pouvons dire avec certitude qu'une personne de quatre vingt huit ans est vieille, et que quelqu'un qui mesure deux mètres est grand. De même, nous ne pouvons dire exactement où placer la limite quand il s'agit de dire quels animaux ont une psychologie. Mais nous pouvons dire avec certitude absolue, où que l'on trace cette limite sur des bases scientifiques, que les primates et les rongeurs se trouvent d'un côté  celui des êtres psychologiques   et que les limaces et les amibes se trouvent de l'autre   ce qui ne signifie pas que nous pouvons les détruire à la légère.

 

« Dans les relations entre les humains et les animaux, les fleurs, et tous les objets de la création, il y a toute une grande éthique à peine perçue aujourd'hui. »
Victor Hugo

 

5. Mais sûrement doit-il y avoir certains animaux qui peuvent ressentir de la douleur, mais n'ont pas d'identité psychologique unifiée. Puisque ces animaux n'ont pas de droit à être traités avec respect, la philosophie des droits des animaux implique que nous pouvons les traiter de quelque manière qui nous convient.

Réponse: Il est vrai que certains animaux, comme les crevettes ou les moules, sont peut être capables de ressentir la douleur, mais n'ont pas la plupart des autres capacités psychologiques. Si cela est vrai, alors il leur manquera certains des droits que les autres animaux possèdent. Néanmoins, il ne peut y avoir de justification morale au fait d'infliger de la douleur à qui que ce soit, si cela n'est pas nécessaire. Et puisque ce n'est pas nécessaire pour les humains de manger des crevettes, des moules et d'autres animaux similaires, ni de s'en servir d'autres manières, il ne peut y avoir de justification morale pour leur infliger la douleur qui invariablement accompagne ces usages.

 

« La question n'est pas : "Peuvent ils raisonner ? ; ni : «Peuvent ils parler ? ; mais : "Peuvent ifs souffrir ?" »
Jeremy Bentham

 

6. Les animaux ne respectent pas nos droits. Par conséquent, les humains n'ont pas l'obligation de respecter les leurs.

Réponse: Il y a de nombreuses situations dans lesquelles un individu qui a des droits est incapable de respecter ceux des autres. Cela est le cas des nourrissons, des jeunes enfants, et des êtres humains mentalement affaiblis ou dérangés. Dans leur cas, nous ne disons pas qu'il est parfaitement juste de les traiter sans respect parce qu'ils ne respectent pas nos droits. Au contraire, nous reconnaissons que nous avons le devoir de les traiter avec respect, même si eux n'ont pas celui de nous traiter de même.

Ce qui est vrai pour les nourrissons, les enfants, et les autres humains mentionnés, est tout aussi vrai pour d'autres animaux. Ces animaux n'ont effectivement pas le devoir de respecter nos droits ; mais cela n'efface ni ne diminue notre obligation de respecter les leurs.

 

« Le jour viendra où les personnes comme moi regarderont le meurtre des [autres] animaux comme ils regardent aujourd'hui le meurtre des êtres humains. »
Leonard de Vinci

 

7. Dieu a donné aux humains la domination sur les autres animaux. C'est pourquoi nous pouvons faire d'eux ce que nous voulons, y compris les manger.

Réponse: Les religions n'affirment pas toutes que les humains possèdent la «domination» sur les autres animaux, et, dans celles qui le font, cette notion doit s'entendre dans le sens de tutelle désintéressée, et non de pouvoir égoïste. Les humains doivent être aussi aimant envers toute la création de Dieu que Dieu le fut en la créant. Si nous aimions les animaux aujourd'hui comme les humains les aimaient dans le jardin d'Eden, nous ne les mangerions pas. Ceux qui respectent les droits des animaux sont embarqués dans un voyage de retour vers l'Eden - un voyage de retour vers un amour approprié pour la création de Dieu.

 

« Dieu dit : "Voici, je vous donne toute herbe qui porte sa semence sur toute fa surface de fa terre et tout arbre dont le fruit porte sa semence ; ce sera votre nourriture". »
Genèse 1,29

 

8. Seuls les humains ont une âme éternelle. Ceci nous donne le droit de traiter les autres animaux comme nous voulons.

Réponse: De nombreuses religions enseignent que tous les animaux, et non les seuls humains, ont une âme immortelle. Néanmoins, si on admet que seuls les humains sont immortels il s'ensuit seulement que nous vivrons éternellement, contraire- ment aux autres animaux. Et ce fait - si c'en est un - augmente, plutôt que diminue, notre obligation d'assurer que la vie de ces animaux - la seule qu'ils ont - soit aussi longue et bonne que possible.

 

« Il n y a de religion sans amour, et les gens peuvent parler tant qu'ils veulent de leur religion, mais si elle ne leur apprend pas à être dons et bienveillants envers les autres animaux comme envers les humains, elle n'est que frime. »
Anna Sewell

9. Si nous respectons les droits des animaux, et ne les mangeons plus, ni ne les exploitons d'aucune façon alors qu'en ferons-nous ? Ils ne tarderont pas à courir partout dans nos rues et à envahir nos maisons.

Réponse: Ce sont quatre à cinq milliards d'animaux qui sont élevés et abattus pour la nourriture chaque année, dans les seuls Etats-Unis. Et si ce nombre est si étonnamment grand, la raison en est simple c'est l'existence des consommateurs de chair animale, qui en mangent de très grosses quantités. L'offre d'animaux correspond à la demande des acheteurs.

Mais lorsque la philosophie des droits des animaux aura triomphé, et que les gens seront devenus végétariens, nous n'aurons pas à craindre que des milliards de vaches et de cochons viennent paître dans nos villes et nos salons. Lorsqu'aura disparu la motivation pécuniaire pour élever ces milliards d'animaux, ces milliards d'animaux ne seront plus. Et il en est de même des animaux élevés pour la recherche, par exemple. Quand la philosophie des droits des animaux prévaudra, et que l'utilisation de ces animaux aura cessé, alors aura également cessé l'incitation financière à les élever, par millions.

 

« Le pire des péchés envers nos compagnons de création n'est pas de les haïr, mais d’être indifférent à leur sort. C'est là que se trouve l’essence de l’inhumanité. »
George Bernard Shaw

 

10. Même s'il est vrai que les autres animaux ont des droits moraux et doivent être prootégé il a des choses plus importantes qui requièrent notre attention – la faim dans le monde et la violence contre les enfants, par exemple, ou l'apartheid, la drogue, la violence contre les femmes, et le sort des sans-logis. Lorsque nous aurons réglé ces problèmes, nous pourrons nous occuper des droits des animaux.

Réponse: Le mouvement des droits des animaux se place comme partie du mouvement des droits des humains, et non à l'extérieur de celui-ci. La philosophie qui insiste sur les droits des animaux non humains et qui défend ces droits insiste aussi sur les droits des êtres humains et les défend. En pratique, aussi, le choix auquel sont confrontés les gens de bonne volonté ne se pose pas entre aider les humains et aider les autres animaux. On peut faire les deux. On n'est pas obligé de manger les animaux pour pouvoir aider les sans-logis, par exemple, ni d'utiliser des cosmétiques testés sur les animaux pour pouvoir aider les enfants. En fait, ceux qui respectent les droits des animaux non humains en ne les mangeant pas seront en meilleure santé, et pourront donc aider les humains encore plus.

 

« Je suis partisan des droits des animaux comme des droits des humains. Telle est la manière de l'être humain entier. »
Abraham Lincoln

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