Théophraste,
dans Porphyre, De l'abstinence, III, 25, 1-3,
texte édité et traduit par J. Bouffartigue et M. Patillon,
Belles lettres, 2003, Tome 2, p. 185-186.
[1] Et voici l'argumentation de Théophraste. Les enfants issus de la même origine, c'est-à-dire des mêmes père et mère, sont, disons-nous, apparentés par nature les uns aux autres ; et en outre nous disons que les descendants des mêmes grands-parents sont apparentés les uns aux autres tout comme les citoyens d'une même cité le sont par la communauté de la terre et de leurs relations mutuelles : car pour ceux-ci nous ne jugeons plus que c'est le fait d'être issus les uns et les autres des mêmes parents qui les apparente entre eux, sauf dans le cas où leur race a pour fondateurs des premiers ancêtres communs ou descendant des mêmes parents. [2] C'est ainsi, je pense, que nous disons également d'un Grec vis-à-vis d'un autre Grec, d'un Barbare vis-à-vis d'un autre Barbare, de tous les hommes les uns vis-à-vis des autres qu'ils sont parents et de la même race, pour l'une de ces deux raisons, soit pour avoir les mêmes ancêtres, soit pour avoir en commun la nourriture, les mœurs et la même race. [3] Pareillement nous posons que tous les hommes mais aussi tous les animaux sont de la même race parce que les principes de leur corps sont par naturel les mêmes (en parlant ainsi je ne me réfère pas aux premiers éléments – car les plantes en proviennent aussi –, mais je pense à la peau, aux chairs et à ce genre d'humeurs inhérentes aux animaux), et beaucoup plus encore parce que l'âme qui est en eux n'est pas différente par nature, sous le rapport des appétits, des mouvements de colère, des raisonnements aussi et par-dessus tout des sensations. Mais comme pour le corps, certains animaux ont de même l'âme parfaite tandis que pour d'autres elle l'est moins ; pour tous cependant les principes sont par nature les mêmes. La parenté des affections le montre aussi.