John Stuart Mill

 

John Stuart Mill,
Principles of Political economy,

Livre V, chap.11, § 9 in Robson (éd.),

The Collected Works of John Stuart Mill, Vol. III,

London, Routledge and Kegan Paul, 1965, p. 952.

 

Traduction L. Hotelin (in Salt, Les droits de l'animal considérés dans leur rapport avec le progrès social, Paris, H. Welter, 1900, p. 118-119).


---Oeuvres complètes de Mill---

Malheureux esclaves animaux

Les motifs d'intervention légale en faveur des enfants s'appliquent avec autant de force quand il s'agit de ces malheureux esclaves et victimes de la portion la plus brutale de l'humanité, les animaux; c'est grâce à une grossière interprétation du principe de liberté que l'infliction d'une peine exemplaire en cas de brutalité envers ces êtres sans défense a été considérée comme une ingérence du gouvernement dans des choses hors de son domaine, une ingérence dans la vie, privée. La loi est impérativement appelée à intervenir dans la vie privée des tyrans domestiques. Et il est à regretter que des scrupules métaphysiques touchant à la nature et à la source de l'autorité des gouvernements puissent entraîner plusieurs chauds partisans des lois contre les mauvais traitements infligés aux animaux à justifier ces lois par des considérations tirées des conséquences fortuites que peut avoir la tolérance des habitudes de cruauté pour les intérêts des êtres humains, au lieu de tirer leur défense de leur mérite intrinsèque même. C'est un devoir pour la société de réprimer les actes que tout homme doué d'une force physique suffisante, devrait réprimer s'ils étaient commis en sa présence. Les lois en vigueur en Angleterre, à ce sujet, sont surtout défectueuses par le faible maximum, souvent même nominal, auquel la pénalité, même dans les plus mauvais cas, est limitée.

The reasons for legal intervention in favour of children apply not less strongly to the case of those unfortunate slaves and victims of the most brutal part of mankind, the lower animals. It is by the grossest misunderstanding of the principles of Liberty that the infliction of exemplary punishment on ruffianism practised towards these defenceless beings has been treated as a meddling by Government with things beyond its province—an interference with domestic life. The domestic life of domestic tyrants is one of the things which it is most imperative on the Law to interfere with. And it is to be regretted that metaphysical scruples respecting the nature and source of the authority of governments should induce many warm supporters of laws against cruelty to the lower animals to seek for justification of such laws in the incidental consequences of the indulgence of ferocious habits to the interest of human beings, rather than in the intrinsic merits of the thing itself. What it would be the duty of a human being, possessed of the requisite physical strength, to prevent by force, if attempted in his presence, it cannot be less incumbent on society generally to repress. The existing laws of England are chiefly defective in the trifling—often almost nominal—maximum to which the penalty, even in the worst cases, is limited.